Les archives du SHD : Vétérinaires Biologistes des Armées (1905-1989)

AureXus océrise et convertit en XML-EAD plus de 60 000 pages d’instruments de recherche décrivant les archives du Service historique de la Défense. Ce travail est l’occasion de se pencher sur des corpus spécifiques comme celui des Vétérinaires Biologistes des Armées (Sous-série 17 S, cotes 17/S/450 à 481) qui couvre une période allant de 1905 à 1989. Nous y découvrons la réalité de l’activité des Vétérinaires Biologistes des Armées à travers les différents rapports et documents d’activités recueillis mais aussi, entre les lignes, l’évolution de leur métier singulier.

Une histoire millénaire
Qui se souvient de l’incroyable passage des Alpes par Hannibal ? En 218 avant J.-C., le général carthaginois attaquait la chaîne de montagnes avec ses trente-sept éléphants de guerre. Bien avant, chez Homère, c’est Priam qui s’inquiète du sort de ses bêtes : « […] je voulais épargner mes chevaux ; j’ai eu peur qu’ils n’aient à souffrir de la faim, dans une ville soumise à un blocus, habitués qu’ils étaient à manger largement »1. Le destin de l’homme, en temps de guerre, est intimement lié à celui de l’animal, qui l’accompagne depuis toujours.

Hannibal crossing the Alps – Image by John Leech, from: The Comic History of Rome by Gilbert Abbott A Beckett. Bradbury, Evans & Co, London, 1850s [Wikimedia]

Dans le Règlement provisoire concernant le service intérieur, la police et la discipline des troupes à cheval du 1er Juillet 1788, au Titre V, intitulé « De la Tenue et du Service des Écuries » on peut lire : « L’aisance des chevaux dans les écuries, contribuant beaucoup à leur santé, ainsi qu’à prévenir les accidents, l’emplacement de chaque cheval sera toujours compté, autant qu’il sera possible, à raison de trois pieds & demi ; cette mesure sera prise pour base constante et indispensable (…) »2.

Règlement provisoire concernant le service intérieur, la police et la discipline des troupes à cheval, 1er Juillet 1788, Louis XVIGallica, Bibliothèque nationale de France [Gallica]

C’est une tâche délicate qui incombait alors aux titulaires d’un Brevet délivré aux seuls élèves de l’École Royale Vétérinaire de Lyon, créé environ vingt ans plutôt, en 1762. En 1813, Napoléon réorganise la profession dans le but d’assurer les besoins de la Grande Armée lors de la campagne de Russie. Suivront d’autres réformes de statuts jusqu’au début du XXe siècle et la progressive mécanisation des armées qui viendra tout bouleverser. C’est précisément cette dernière période que documente le fonds du SHD.

Une place à part au sein de l’armée
À partir de la Première Guerre mondiale et jusqu’en 1945, on assiste à la lente disparition des effectifs équins. C’est à ce moment-là qu’apparaissent les premiers régiments de cynotechnie militaire dont le rôle est d’assurer les missions spécifiques liées à l’emploi des chiens.

Les activités du vétérinaire se diversifient également puisqu’il est amené à poursuivre des travaux de recherche, en témoigne ces « tests de sélection des croquettes pour chiens militaires, […] en vue de sélectionner le meilleur produit et délivrer l’agrément » menés durant l’année 1984 et dont les conclusions sont consultables dans les archives du SHD.

Insigne du 132ème Bataillon Cynophile de l’Armée de Terre (BCAT), Service historique de la Défense, département de la symbolique, division TERRE.

À la suite de difficultés d’intégration dans le courant des années 1960, le métier de vétérinaire des armées, hybride par définition, passe près de la dissolution. Mais il compte toujours aujourd’hui parmi les corps de l’armée et son statut n’est plus remis en cause. Le Service historique de la Défense conserve d’ailleurs de nombreux éléments de symbolique militaire qui en témoigne, dont divers insignes de ce corps si particulier. Aujourd’hui le corps des vétérinaires des armées comprend environ 70 officiers de carrière et sous contrat.

Vers de nouvelles explorations
Le corps reste attentif aux évolutions du métier. Le savoir se perfectionne au fil du siècle, au rythme des colloques (allocutions, résumés des travaux) et des publications en revues (La semaine vétérinaire, La dépêche vétérinaire) dont on découvre des extraits dans le fonds du SHD. L’évolution des questions éthiques amène ensuite la prise en considération des revendications des associations et groupements de défense animale : des coupures de journaux, fiches de service, notes, dépliants publicitaires pour la Société Nationale de Défense des Animaux (SNDA) composent la documentation la plus récente.

La connaissance évolue aussi par collaboration, notamment avec la Fondation Cousteau à travers la documentation d’une mission sur l’île Clipperton sur la faune benthique3 du lagon, le milieu terrestre et maritime, les oiseaux et la plongée en eaux profondes. Les archives du SHD fournissent sur ces questions de nombreux rapports, schémas, cartes et tableaux de relevés d’échantillons.

Travaux d’encodage en XML-EAD

AureXus est intervenu en 2021 après la dernière révision de ce fonds en 2017 pour réaliser l’océrisation puis l’encodage suivant la DTD EAD Version 2002 de l’inventaire qui respectait déjà les normes ISAD (G). Après une structuration en tableau, un balisage automatique du corps de l’inventaire a été réalisé, comportant essentiellement des intitulés, des dates et des éléments de cotation. L’introduction, riche d’informations diverses, a été l’occasion d’utiliser des balises telles que l’historique de conservation, les documents en relation, l’histoire de ce corps d’armée et des éléments bibliographiques. Ce travail d’encodage permet à un inventaire en PDF, uniquement lisible par les humains, d’être publié sur le Web avec une couche sémantique exploitable par les différents moteurs de recherche.

Ce billet fait partie d’une série de communication autour de ce projet, réalisée en collaboration avec le Service historique de Défense, et ayant débutée avec la présentation du témoignage oral d’Henri Fabre, pionnier de l’aviation.

Aller plus loin
• Consulter les archives du SHD sur sa base en ligne : [en ligne ici]
• Parcourir le plan de classement thématique du SHD : [en ligne ici]

1. Homère, L’Iliade, Les Belles Lettres, 1938 (Traduction de Paul Mazon), p. 114.
2. Règlement provisoire, concernant le service intérieur, la police et la discipline des troupes à cheval du 1er Juillet 1788, Bibliothèque nationale de France [Disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97928167/f56].
3. Benthique : (de benthos, “profondeur” en grec) qui vit dans le fond de la mer.

Sources : 
Série S : État-Major des armées et Organismes rattachés – Sous-série 17 S : Vétérinaires Biologistes des Armées (1905-1989), Service historique de la Défense, Vincennes.

Bibliographie :
CHOMEL (C.), Histoire du corps des vétérinaires militaires en France, Paris, Asselin et Houzeau, 1887, 340 p.
MILHAUD (C.), Schéma général de l’histoire des vétérinaires militaires français, communication présentée le 19 janvier et 25 mai 2002, Clamart, bulletin social français de l’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, p.47 à 61.
SERAPHIN (Y.), L’histoire des vétérinaires militaires français, thèse d’Université, Université Claude Bernard de Lyon, 1976, 105 p.

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